vendredi 8 août 2008

Etude d'Esther 5


A) La démarche d’Esther auprès du roi :

1) le moment :

Elle eut lieu le 3ème jour du jeûne entrepris par tous les juifs dans le royaume de Perse : 4,16. L’engagement de tout le peuple de Dieu dans la prière et le jeûne constitue l’arrière-plan principal de la démarche d’Esther auprès du roi. Une priorité qui nous rappelle que dans l’oeuvre de Dieu, c’est devant Dieu avant d’être devant les hommes, que se livre notre combat : cf Néhémie 1,4; 2,1-5. Avant de compter sur son pouvoir éventuel de persuasion ou sur la bonne volonté du roi, c’est à Dieu d’abord que la reine, et tout le peuple de Dieu dont elle est à cet instant la porte-parole et la digne représentante, s’attend.

2) la façon :

Bien qu’Esther ayant sans doute revêtu, elle aussi, les habits de deuil pendant les 3 jours précédant, ce n’est pas ainsi, mais revêtue des insignes de la royauté et de ses plus beaux apparats qu’elle se présente devant le roi. Quelles en sont les raisons :

- Esther sait que, si Dieu a Sa part dans la réussite de sa démarche, elle aussi a la sienne. L’oeuvre de Dieu ne s’accomplit pas seule, mais dans la collaboration étroite entre Dieu et les Siens : Mat 9,37-38; 10,1. Dieu ne fera jamais à notre place ni dans notre vie chrétienne, ni dans notre service, ce que nous sommes appellés à faire nous-mêmes : 2 Pier 1,4-5.10. Ce n’est que lorsque l’obéissance de l’homme peut se conjuguer avec la volonté de Dieu en un plein oui que l’oeuvre de Dieu peut se faire.

- Si elle ne peut être sûre de " mettre le roi dans sa poche ", Esther met tous les atouts de son côté pour qu’il puisse en être ainsi. Elle nous enseigne ainsi que, pour toucher les autres et les amener à se rallier à la cause pour laquelle nous voulons les gagner, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ôter de devant leurs pieds les obstacles qui pourraient les faire trébucher : 2 Pier 3,1 à 6; Rom 2,22 à 24; 1 Cor 9,19 à 23; 10,32-33. N’hésitons donc pas à mettre au service de Dieu et des autres tous les dons que nous avons reçu pour les gagner à l’Evangile : 1 Pier 4,10

3) l’impact :

Aussitôt Esther aperçue dans les atours de sa grandeur et de sa beauté, elle gagne la faveur du roi : v 2. Ne voyons pas dans cette réaction immédiate du roi que l’impact de l’attrait et de la fascination qu’exerçait Esther sur lui, mais encore et plus que tout, le résultat de l’exaucement des prières de tout un peuple et de l’oeuvre de Dieu dans son coeur : Néh 2,6-8. Les dispositions de coeur des rois ne sont pas entre leurs mains, mais dans celles de Dieu qui les incline partout où Il veut : Prov 21,1; Actes 4,27-28.

Gagnée à son coeur, le roi tendit à Esther, sa reine, le sceptre d’or qu’il avait en main, signe à la fois de son pouvoir et de sa grâce : v 2. Combien est extraordinaire également l’accés qu’a auprès de son Roi, l’Eglise, Epouse de Christ, parée de tous les atours de sa sainteté et de sa dignité : Eph 5,27. Comment ainsi parée et si belle à Ses yeux, pourrait-Il lui refuser quoi que ce soit : Jean 15,7; Prov 10,24; Ps 37,4. L’étendue des promesses de la grâce nous ayant été certifiée par Sa Parole : Eph 1,18-19 et l’accés à Son trône toujours ouvert quiconque, parmi les enfants de Dieu, s’y présente pour être secouru dans ses besoins peut ainsi être sûr d’être lui aussi bien accueilli : Héb 4,15-16.

4) la démarche :

L’invitation faite par le roi à Esther de lui exprimer son désir ou son fardeau, Esther le formulera sous la forme d’une demande mystérieuse et prudente : v 4 :

- elle invite dans un 1er temps le roi et Haman, son ennemi, au festin qu’elle leur a préparé le jour même. La manière d’agir d’Esther fait donc partie d’un plan et d’une stratégie élaborée d’avance, sans doute au cours du temps de prière et de jeûne qu’elle vient de passer devant Dieu. Esther avance ici, non au rythme de ses sentiments ou de ses idées humaines, mais selon le plan conçu par Dieu Lui-même pour les amener à la délivrance. La recherche de la volonté de Dieu, la mise de côté de sa propre personne, ses sentiments, ses pensées ou sa propre façon de voir les choses ou de concevoir sa délivrance, puis l’obéissance reste toujours le chemin par lequel l’oeuvre et les délivrances de Dieu s’opèrent : cf Josué 5,13-15

- au cours du premier repas, elle reste mystérieuse reportant la révélation de son fardeau et de sa demande à un autre repas prévu pour le lendemain : v 8. Cette façon de faire attendre le roi, humainement vue, aurait pu lui porter préjudice (on sait par le chapitre 1 combien il est dangereux de faire attendre et d’exaspérer Assuérus). Elle permet cependant deux choses :

. de faire sentir au roi, par sa difficulté de l’exprimer, combien sont grands le souci et le fardeau qu’elle porte. Esther sait en effet que la partie n’est pas forcément gagnée et que si le roi semble lui accorder sa faveur, Haman lui aussi est dans la sienne : 3,1 et 15. Aussi entre elle et Haman, son favori, Esther ne sait encore de quel côté la balance de son coeur va pencher.
. de laisser du temps au temps et à Dieu pour parfaire le piège dans lequel Haman doit tomber. Quand nous travaillons dans le plan et la volonté de Dieu, nous n’avons besoin ni de nous inquiéter, ni de forcer les circonstances. Dieu fera en sorte qu’elles concourrent à notre bien et à l’accomplissement de Son dessein pour et à travers nous : Prov 16,7.

B) Réaction d’Haman :

Flatté de l’invitation de la reine et du privilège particulier qui est le sien, Haman sort ce jour-là le coeur plein de joie et d’euphorie : v 9. Il ne sait pas encore que cette joie, comme celle de tous les méchants, sera de courte durée : cf Luc 6,25 :

- sortant du palais de la reine, elle disparait déjà et se transforme aussitôt en colère et en haine, à la vue de Mardochée, le seul homme refusant de plier le genou devant lui et de lui rendre l’honneur qu’il croit devoir lui être rendu. Rien n’est plus versatile que les sentiments de l’homme naturel. Le coeur de l’homme est si mauvais qu’aucune joie, si intense soit-elle, ne saurait durer longtemps, quelque chose de contraire à son orgueil sur son parcours ne tardant pas à la faire disparaître.

- bien qu’ayant " 1000 " raisons humaines : v 11 et 12, elle est incapable d’atteindre la plénitude, l’orgueil humain ne supportant pas qu’une seule chose lui soit refusée : v 13. L’insatisfaction, le mécontentement et, au fond, le désir de tout posséder et de n’avoir rien qui ne nous soit interdit sont, depuis le début des temps, la base de toutes les révoltes et tous les péchés contre Dieu et son prochain : cf Gen 3,1.

Aveuglé par son orgueil, Haman adhère facilement aux conseils de sa femme et de ses intimes travaillant sans le savoir dans le sens du projet de Dieu pour lui : v 14. La nature des paroles et des conseils que nous sommes prêts à écouter de la part des autres est un bon révélateur des pensées et des sentiments qui nous animent : Prov 18,8; 26,22; 17,10. Que Dieu nous garde de nous-mêmes plus que de tout autre chose : c’est de notre coeur que sortent les sources de la vie et de la mort pour notre âme : Prov 4,23; Marc 7,20-23; Jac 3,10-12.

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