jeudi 7 août 2008

Etudes d'Esther 3 et 4


A) Haman :

1) Cause et cadre de son élévation :

3ème personnage principal de l’histoire de ce livre, après Esther et Mardochée, Haman voit son élévation se faire dans un cadre et pour une cause précise :

- Cadre : elle se produit " après ces évènements " : v 1 : après que le Seigneur ait déjà mis en place les personnes et les éléments permettant de déjouer " la solution finale " qu’il préconisera à Assuérus pour résoudre " la question juive " dans son royaume. Comme nous l’avons souligné à la fin du chapitre précédent, bien que paraissant tout-puissant, le mal ne s’exerce dans le monde que dans les limites et le cadre strict de la volonté permissive de Dieu.
Exemples :
. Job 1,12; 2,6
. 1 Pierre 5,8-10
. 1 Cor 10,13

Ainsi, Dieu ne permet-il jamais à l’ennemi d’avoir le dernier mot, ni dans l’histoire du monde ni dans celle du peuple de Dieu. Mais avant même qu’il ait commencé d’agir pour accomplir ses oeuvres funestes, tout est déjà prêt pour sa défaite et son humiliation.

- Cause : la faiblesse et l’irresponsabilité du roi Assuérus. La Bible ne nous dit pas pour quelles raisons le roi Assuérus décida soudainement d’élever Haman, l’Agaguite. Avait-il fait quelque acte de bravoure pendant les guerres que le roi avait mené pour affermir son royaume ? S’était-il distingué de façon héroique d’une manière ou d’une autre ? Nous ne le savons pas. L’attitude d’Haman suite à son élévation nous enseigne cependant deux choses :

a) la 1ère est que l’on ne peut jamais faire preuve de trop de prudence avant de confier des responsabilités importantes à un homme. D’où la raison pour laquelle les cadres dans l’église ou en Israël n’étaient pas choisis sur la base de leurs compétences seules, mais encore sur celle de leur attitude et de leur caractère : Exode 18,19 à 23; Actes 6,1 à 3; 1 Tim 3,1 à 4

b) la seconde est que la délégation de pouvoir ou l’élévation ne devrait se faire que :
- graduellement
- après avoir pu se faire une idée précise de l’attitude des personnes :
. dans le service
. vis-à-vis des autres serviteurs.

Si quelqu’un démontre une incapacité, soit à travailler en équipe, soit à servir les autres, il est totalement inapte à exercer quoi que ce soit comme responsabilité dans le royaume de Dieu : Luc 22,24 à 27. C’est pourquoi dans la Bible, pratiquement tous ceux qui exercèrent de hautes fonctions spirituelles durent passer par :

- soit un temps de formation difficile à l’humilité : exemple :
. Joseph en Egypte : Gen 39,4.21 à 23 : service dans le monde auprès des incroyants pour qui il devint une personne de confiance
- soit en étant d’abord le serviteur d’un autre : exemples :
. Josué pour Moïse : Exode 24,13; Josué 1,1
. Elisée pour Elie : 2 Rois 3,11
. Paul pour Barnabas : Actes 11,25-26

Les péchés de certains hommes sont manifestes, même avant qu’on les juge; chez d’autres, ils ne se découvrent qu’après coup : 1 Tim 5,24. Combien nous devons donc être prudents et chercher à bien connaître les motivations profondes de celui à qui l’on confie et délègue des responsabilités de direction dans toute oeuvre.

2) Caractère d’Haman :

Arrivé à la plus haute position du royaume après le roi, le véritable caractère d’Haman se révèle. Une simple comparaison entre lui et le Seigneur Jésus nous révèle combien l’attitude des 2 hommes est aux antipodes l’une de l’autre :

HAMAN
- il aime voir les autres s’incliner et se prosterner devant lui : v 2
- il ne supporte pas quelqu’un lui tienne tête et ne reconnaisse pas sa dignité : v 5
- il est incapable de pardonner, mais garde sa rancoeur et la cultive avec un esprit de vengeance : v 6
- il n’a pour le peuple de Dieu que des projets de meurtre et de mort : v 6

JESUS
- bien que Seigneur, c’était Lui qui servait les autres et s’inclinait devant eux : Jean 13,1 à 5.13 à 15
- Jésus a supporté la moquerie, les coups et les crachats des hommes sans jamais réagir avec haine contre eux : Esaïe 50,6; Jean 19,2-3; Luc 23,35 à 39
- Jésus était prêt à pardonner même Ses pires ennemis. Il a appellé celui qui le trahissait du doux nom d’ami : Mat 26,50; Luc 23,34
- Jésus n’est venu que pour une seule chose : chercher et sauver les perdus : Luc 19,10.41-42
Nous sommes tous par nature semblable à Haman : orgueilleux, méchant, incapable d’essuyer une humiliation ou de pardonner. Le but de l’oeuvre de Dieu et du Saint-Esprit en faisant de nous des rachetés est de nous transformer à la ressemblance de Christ : 2 Cor 3,18

B) Cause et conséquences de la haine d’Haman :

1) Cause :

L’attitude insoumise et non-conformiste de Mardochée à l’égard d’Haman est la cause première de la haine et de la rancoeur criminelle qui va s’éveiller en lui. Elle nous rappelle que, dans le monde, le véritable croyant n’a pas à épouser et à embrasser tous les points de vue et les attitudes idolâtres qu’on voudrait lui imposer. En fait de tout temps, les véritables croyants se sont révélés sous toutes les latitudes comme les résistants les plus acharnés aux prétentions de domination absolue de tous les dictateurs sur les âmes.

Exemples bibliques :
- les 3 amis de Daniel : Daniel 3,10 à 18
- Daniel lui-même : Daniel 6,8 à 15
- les croyants des derniers temps : Apoc 13,7-8

Exemples de l’histoire de l’église : page 22 : précis d’histoire de l’église
- Ignace d’Antioche
- Polycarpe

Quel que soit le prix que cela puisse nous coûter, il y a des moments dans la vie d’un croyant où la fidélité à Dieu et à ses convictions doit passer avant toute autre considération. C’est pour de tels moments que Jésus nous a appellé, en tant que disciples, à être prêt à renoncer à tout, y compris notre propre vie : Luc 14,26. Il est toujours plus juste en toutes choses d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes : Actes 4,19

2) Conséquences :

Mardochée ne cachant pas la cause de son refus de se prosterner devant Haman :
- il était juif : v 4
- le 1er commandement de la loi juive exigeait de n’adorer et de ne servir que Dieu seul : Mat 4,10; deut 6,13-14; 10,20
C’est sur tout le peuple dont il était issu qu’Haman décida de reporter sa haine.

La juste façon dont Haman dépeind ce peuple nous permet de nous faire une image exacte de ses particularités et de sa différence avec tous les autres peuples du monde :

- c’est un peuple choisi, mis à part pour Dieu dès l’origine : v 8; Deut 7,6

- c’est un peuple dispersé et partout infiltré dans le monde : v 8; Lév 26,33; Deut 4,27; Jac 1,1

" Aucun peuple n’est capable, comme le peuple juif, d’être largement répandu, tout en restant tellement séparé des autres peuples. Aucun autre n’est à la fois si national et pourtant si universel. Aucun autre ne préserve son individualité avec autant de ténacité, demeurant au milieu des autres si fermé et si lié. Et pourtant, aucun autre ne parvient comme le Juif à s’attacher à son lieu et à s’accomoder de toutes les circonstances. En tous lieux, le Juif peut s’établir et se faire une place; pourtant, partout il reste un Juif! " (Uhlhorn)

- c’est un peuple qui se distingue par sa loi à laquelle il se soumet en priorité sur les autres loi édictées par les hommes : v 8. C’est l’obéissance première à cette loi qui, tout comme l’Eglise, en tant que peuple de Dieu dans le monde, les fait souvent passer comme des contestataires ou des anti-progressistes : Actes 16,20-21 et 17,7-8

Rappellons -nous encore aujourd’hui que pour nous, peuple de Dieu, Sa parole reste et restera jusqu’à la fin en vigueur et d’actualité : Mat 5,18. Elle n’a pas à être accomodée ou adaptée au goût du jour : 2 Cor 4,2. Nous n’avons pas, en tant que serviteur de Dieu, à plaire d’abord aux hommes, mais à Dieu : Gal 1,10; 6,14.

Assuérus, continuant comme il l’a toujours fait depuis le début du livre, sur la voie de l’irresponsabilité donna son accord à Haman pour " faire de ce peuple ce qu’il lui plaira " : v 11. Le génocide est alors décidé et une date (la veille de la Pâque juive) fixée : v 13. Deux réflexions peuvent conclure ce récit :

- rien n’est pire dans ce monde que de laisser les pleins pouvoirs à un homme pour agir à sa guise contre ceux, d’une autre race, qu’ils considèrent comme des ennemis, des êtres inférieurs ou inutiles (handicapés). L’histoire est jalonnée des récits d’horreur auxquels une telle liberté, sous l’inspiration du péché et du diable, aboutit inévitablement : génocide des juifs sous Hitler, des arméniens par les turques, des kurdes en Irak, des kosovars par les serbes...

- l’homme propose, mais c’est finalement toujours Dieu qui dispose : Prov 16,1. Les grandes dates de l’histoire ne sont pas écrites au hasard, mais toujours selon le calendrier fixé par Dieu : Gal 4,4; Actes 4,27-28.

Ne perdons ainsi jamais de vue dans les pires moments de l’histoire du monde et de notre vie la souveraineté de Dieu qui contrôle parfaitement tout ce qui nous atteind !
C) Les conséquences du décret du roi ordonnant le massacre de tous les juifs :

Alors qu’Haman et le roi festoient, partout où l’on en prend connaissance, le décret du roi provoque de fortes réactions :

1) dans la ville de Suse elle-même : 3,15 :

C’est la tristesse et la consternation. Elles ont pour causes :

- la méconnaissance du roi des sentiments et des pensées qui habitent son peuple. Isolé dans sa tour d’ivoire, n’exerçant le pouvoir que par intérim, Assuérus fut incapable d’anticiper les remous et le type de réaction qu’allait engendrer parmi son peuple la décision qu’il prit, à l’instigation d’Haman, contre les juifs. Une 1ère leçon que nous enseigne cette histoire est que, pour bien gouverner, tout dirigeant qualifié doit travailler à bien connaître ses administrés : leur passé, les sentiments et les opinions qui les habitent, leur croyance ou leur sensibilité... Tout exercice d’autorité pratiqué dans la méconnaissance des personnes à qui elle s’adresse ne peut aboutir qu’au désordre et à la confusion. " Connais bien chacune de tes brebis, conseille au berger l’auteur des proverbes : Prov 27,23 . " Une parole qu’Assuérus, dans la circonstance, aurait bien eu besoin d’entendre!

- la méconnaissance du roi de l’influence considérable qu’exerçait ce peuple qu’il voulait détruire sur les autres. Même si les juifs avaient des ennemis, ils avaient aussi des amis, de nombreuses personnes qui les estimaient et qui, pour certaines, les craignaient : cf Esther 6,13. L’état de la ville de Suse après la nouvelle du décret du roi révèle ainsi le degré d’enracinement qu’avait le peuple de Dieu dans la capitale perse.

2) chez Mardochée et tous les juifs : 4,1 à 3 :

C’est la douleur, le deuil et le désespoir. Une tribulation qui n’a cependant pas que de mauvais côtés. Réduit à son extrémité, sous la menace de la mort et de l’extermination, elle pousse le peuple de Dieu à deux rapprochements :

- avec Dieu : nombreux sont ceux qui, dans la circonstance, se mettent de nouveau à prier et à jeûner. Rien, peut-être, autant que la tribulation, l’épreuve ou la persécution ne réveille autant le peuple de Dieu à ses devoirs spirituels. Ce que la tranquilité et la prospérité sont incapables de produire, c’est l’affliction qui le fait : 1 Pierre 1,6-7

Notons la place particulière qu’occupe ici le jeûne dans cette histoire : v 3,16, comme dans celle du peuple de Dieu en général, dans les moments de détresse et de grande adversité. Le jeûne collectif revêt dans la Bible 6 significations :
. pour s’humilier et être disponible pour Dieu : Lév 16,29 à 31
. pour demander à Dieu une direction et un secours : 2 Chr 20,1 à 3; Actes 13,3;14,3
. pour se repentir : 1 Sam 7,6; Jonas 3,5
. pour être à l’écoute de Sa Parole : Néh 9,1 à 3
. pour se souvenir : Zach 8,19
. pour délivrer : Mat 17,21

Certaines choses, sur le plan spirituel, me paraissent-elles suffisamment graves et sérieuses pour me conduire à jeûner, à délaisser aisance et confort pour m’y adonner ?

- entre eux : la souffrance agit ainsi comme un ciment qui unit les coeurs : Actes 4,23 à 31. Les querelles et les divisions sont oubliées. Le véritable peuple de Dieu se retrouve uni, dans la crainte mais aussi dans la prière, devant son Dieu.

3) pour Esther : elle l’oblige à 4 choses :

- à prendre personnellement position : v 8,13-14. Quand il n’y a aucune pression, ni aucune obligation il est relativement aisé pour l’enfant de Dieu de vivre son témoignage de manière cachée, le limitant à une conduite ou un comportement silencieux. Il en est tout autre au jour de la persécution. Là un choix clair, une position orale et publique doivent être pris : cf Mat 26,69 à 75; 10,32-33. Suis-je prêt de ma propre initiative à prendre aujourd’hui position pour le Seigneur ou dois-je souvent attendre d’y être contraint par la force des choses pour le faire ?

- à révéler clairement son identité au roi : v 13-14. Si jusqu’à présent Esther a pu se taire, l’heure est maintenant venue pour elle de révéler clairement au roi à quel peuple elle appartient et dans quel camp elle se trouve. Elle sait que, pour cela, elle risque sa vie : v 11. Mais c’est là, lui répond Mardochée, le prix à payer pour choisir son camp :
. ou celui du peuple de Dieu, vendu " comme des brebis qu’on mène à l’abattoir " : Rom 8,36
. ou celui de ses persécuteurs, les bouchers qui veulent sa mort

L’appel au témoignage que lance Mardochée à Esther nous rappelle 3 choses :
. que, dans certaines situations où nous devrions prendre position, le silence et l’inaction ne sont pas seulement synonymes d’omission, mais encore de trahison : Prov 24,11-12
. que, face à Dieu, il n’y a que deux camps possibles : ceux qui sont avec Lui et ceux qui sont contre : Mat 12,30; 7,13-14; 25,32
. que le prix de notre allégeance et de notre fidélité à Dieu peut parfois être celui de notre vie : Luc 14,26-27; Jean 12,23 à 26.

- à entrer dans le rôle sur mesure que Dieu avait préparé pour elle en l’élevant à cette position : v 14. Nous ne comprenons pas toujours tout de suite pour quelles raisons Dieu nous fait passer par tel ou tel chemin ou nous place dans tel ou tel endroit... jusqu’au moment où les circonstances nous en font clairement apparaître le but :
. être un témoin pour des personnes " haut placées " : Luc 21,12-13
. être un instrument de salut pour un peuple nombreux : Gen 50,20

Rien dans notre vie n’est le produit du hasard, mais tout concourt à l’accomplissement du dessein que Dieu a en vue pour nous dans le monde et parmi Son peuple : Rom 8,28

- à s’identifier avec son peuple dans l’épreuve qu’il traverse : v 16. Quelle que soit la position que nous occupons dans le monde, vient le moment où nous devons faire le choix :
. soit d’être un avec le peuple de Dieu et prendre sur nous notre part d’opprobre du Christ : Héb 11,24 à 26
. soit d’être du côté du monde et continuer ainsi à vivre en ennemi de la croix : Phil 3,18; Marc 14,10-11

D) Conclusion :

Quels que soient les projets des adversaires du peuple de Dieu, Dieu le certifie : ils ne l’emporteront pas : Esther 4,14; Psaume 129,1 à 4. Le peuple de Dieu de la nouvelle alliance peut lui aussi passer par la tribulation, l’angoisse ou la persécution. Une chose est aussi certaine : nul ne pourra le ravir de Sa main et le séparer de Son amour manifesté en Jésus-Christ : Rom 8,35-37; Jean 10,28. Béni soit-Il pour la solidité de Son alliance et la pleine suffisance de Sa grâce pour nous!

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