mardi 5 août 2008

Etude d'Esther 1

Trois personnages principaux sont au centre de l’histoire qui forme la trame de ce chapitre :
- le roi de l’empire perse d’alors : Assuérus (ou Xerxès 1er)
- Vasthi, la reine à l’époque des faits
- Memoukân : le conseiller habile du roi

L’étude de ces 3 personnages nous permettra de comprendre les faits qui sont à l’origine de l’histoire d’Hadassa - c’est-à-dire Esther : Esther 2,7 - dont le destin imprévisible et extraordinaire constitue l’objet principal du livre.

A) Analyse de la personne du roi Assuérus :


1) Qui est-il ?

C’est l’homme fort de l’époque. Esther 1,1 nous indique ainsi l’étendue de sa puissance et de son royaume. L’histoire profane nous rapporte à son sujet qu’il dut, avant de régner sur son empire, mater la révolte de certains peuples contre lui (entre autres les égyptiens). Les faits rapportés dans ce chapitre se situent donc après les victoires militaires du début de son règne. Mis à part l’empire romain, l’empire perse fut le plus grand qu’ait connu le monde antique. Preuve en est par la mention, unique dans toute la Bible, de l’Inde comme limite du royaume sur lequel régnait ce roi.

2) Le festin qu’il prépara :

Il apparait au 1er abord comme un geste de grande générosité aussi bien envers ses subalternes directs : v 3 que tout le peuple : v 5. En réalité, il révélera les pensées et les sentiments véritables qui habitent le coeur du despote :

a) sa vanité : visible par :

- le genre d’invités qu’il accueille pour sa fête : v 3. Toutes personnes triées sur le volet dans un unique but : montrer la glorieuse richesse de son règne et la rare magnificence de sa grandeur : v 4. Combien nous sommes loin ici des indications données dans l’évangile et par Jésus Lui-même à l’attention de ceux qui ont l’intention d’inviter d’autres à leurs tables : Luc 14,12-14.

Questions : les invitations que nous adressons à d’autres sont-elles toujours justes et dénués d’intérêt ? Un repas offert à un convive dans le monde est souvent un moyen utilisé " pour le mettre dans sa poche . " Que cherchons-nous lorsque nous invitons d’autres à notre table ? A nous faire plaisir, être bien vu, les gagner à notre cause ? Ou sommes-nous sincères, dénués de tout calcul et arrière-pensée ?

- la durée que connut la fête : 180 jours ou 6 mois : v 4. Une durée marquée par l’extravagance et la démesure dans un seul but : donner l’occasion à Assuérus de montrer à ses invités les ressources immenses qu’il possède dans son royaume. Ces repas et ces fêtes somptueuses ne sont-ils pas encore aujourd’hui trop souvent le moyen utilisé pour " épater la galerie ", impressionner les autres par nos moyens (repas présidentiaux, célébration de grands évènements sur le plan national, mais aussi familial ou personnel) : Prov 13,7.

Sachons en tant que croyants rester sobre, simple et équilibré dans tous les domaines : cf Actes 2,46-47; 1 Thes 5,6-7. La démesure et l’excentricité ne conviennent ni à la foi ni à ceux qui font profession de connaître Dieu : Phil 3,17-19. Jésus est apparu au milieu de nous comme un simple homme : Phil 2,7. Pour être Ses disciples, suivons aussi dans ce domaine Ses traces dans ce monde!

- le faste déployé à cette occasion : v 5 à 7 . Il poursuit toujours le même but : celui énoncé au v 4. Un étalage de richesse exagéré marche souvent de pair avec des signes visibles d’impiété : Esaïe 3,16 à 24. Prenons garde, en tant que croyants, de ne pas y trouver plaisir mais d’attacher notre coeur à ce qui a de la valeur et qui est d’un grand prix aux yeux de Dieu : 1 Pierre 3,3-4.

b) sa sensualité et son intempérance :

Bien qu’Assuérus contrôle un empire gigantesque, il est incapable de se contrôler lui-même. Les grands repas mentionnés dans la Bible ont ainsi été souvent de grandes occasions de chutes pour ceux qui les ont donnés. Outre celui donné ici par Assuérus, rappellons ceux organisés par :
- Belchatsar : Daniel 5,1-2
. son péché : l’outrage et le sacrilège faits à Dieu : v 3 et 4
. ses conséquences néfastes pour son auteur : le jugement de Dieu et la perte de son royaume : v 5-6; 22 à 6,1
- Hérode : Marc 6,21
. son péché : une promesse inconsidérée : v 22-23
. ses conséquences fâcheuses : l’exécution forcée de Jean-Baptiste : v 26, le remords continuel : v 14 à 16.

Tous ces tristes exemples bibliques nous montrent le grand danger que courrent ceux qui se donnent aux excés de table et à la grande consommation de vin qui y est souvent liée. L’histoire d’Assuérus révèle, mieux qu’un discours, à quoi peut conduire l’abus de boissons alcoolisées :
- il échauffe les passions : v 10; Esaïe 5,11
- il fausse le jugement et amène à prononcer des paroles ou des propos inconsidérés : v 11; Prov 31,4-5; Esaïe 28,7; Prov 20,25; 29,20
- il provoque la colère et amène des disputes : v 12; Prov 20,1; 23,29-30
- il brise les foyers et sépare ceux qui s’aimaient : v 19
- il conduit au remords et à la tristesse ceux qui s’y adonnent : Esther 2,1

Prenons garde aux excés de table et ne nous enivrons pas de vin, recommande la Bible :
- ils appesantissent le coeur et plongent le croyant dans un sommeil spirituel dangereux : Luc 21,34 à 36
- c’est de la débauche : Eph 5,18 et un contre-témoignage pour le nom de Christ qui mérite d’être sanctionné par l’église : 1 Cor 5,9-13

Soyons plutôt comme Job qui, après les grands repas que se donnaient ses enfants, étaient soucieux de préserver et de veiller à la qualité de leur relation avec Dieu : Job 1,4-5. Ne permettons ainsi jamais au vin de détériorer un tant soit peu la qualité de notre relation avec notre Dieu !

B) La reine Vasthi :

Le peu d’éléments que nous donne le livre d’Esther ne nous permet que de donner un portrait approximatif de ce qu’elle était. Nous savons d’elle cependant :

1) qu’elle était une femme trés belle et sans doute trés appréciée de son époux : v 11. Son nom même témoigne de ce fait : Vasthi signifie la bien-aimée, la meilleure ou la plus belle. Certains historiens pensent d’ailleurs que Vasthi n’était pas son vrai nom, mais celui que, dans son amour pour elle, Assuérus lui avait donné.

2) qu’elle partageait avec son époux les privilèges royaux : v 9. Elle n’était pas une reine de pacotille, mais exerçait pleinement avec Assuérus les responsabilités liées à sa charge.

3) qu’elle était une femme qui avait une haute opinion d’elle-même, et, entre autres, de l’honneur et de la dignité dus à son rang. Preuve en est par son refus d’être traitée par son époux royal comme une femme-objet, juste bonne à satisfaire sa vanité auprès de ses convives : v 12. Vasthi n’est pas une tenture ou une décoration, mais une reine. Aussi, en tant que telle, réagit-t-elle avec violence, en faisant ce qu’aucune reine jusque là n’avait osé faire : braver publiquement le roi !

La désobéissance de Vasthi à l’ordre de son mari Assuérus pose un problème vieux comme le monde : à savoir celui de la place, du statut et de la position de la femme vis-à-vis de l’homme. La question se pose donc : était-il juste pour Vasthi, dans sa situation, de réagir d’une telle manière ? Bible en main, nous pouvons répondre à cela de plusieurs manières :

1) 1 Cor 11,7 : la femme, dit Paul, est la gloire de l’homme. Qu’Assuérus, en tant que roi, soit fière de sa femme est donc tout à fait légitime. Qu’il veuille la faire parader devant ses invités, tel un petit chien ou un objet de luxe l’est sans aucun doute beaucoup moins. Bien que le désir du roi ne soit pas convenable, la réaction de Vasthi à son sujet n’est, aux yeux de la convenance, pas plus acceptable. Si dans cette histoire Assuérus a péché par vanité, Vasthi l’a certainement, quant à elle, par amour-propre et par orgueil, ne voulant pas perdre la face devant ses invités.

2) 1 Cor 11,10; Eph 5,22-24 : la femme, dit Paul, en tant qu’être créé en second et pour être une aide pour l’homme : Gen 2,18 doit être consciente du devoir nécessaire de soumission qu’elle doit lui rendre pour la bonne marche de son foyer. En refusant de répondre au désir d’Assuérus, Vasthi déshonorait et mettait publiquement dans l’embarras son mari. Se faisant, elle péchait encore plus gravement contre lui et méritait donc sans aucun doute d’être sanctionnée.

Que nous enseigne cette histoire ? Quelles applications, et quelles leçon spirituelles pour nos vies de couple pouvons-nous en tirer :

1) le fait que lorsque nous nous marions entre homme et femme, nous nous marions pour le meilleur et pour le pire. Le mariage comporte donc inévitablement une certaine dose de souffrances et d’injustices dues au caractère pécheur des deux membres du couple. Dire oui à l’autre ne doit donc se faire qu’en toute connaissance de cause de ce qu’il est, car l’épouser c’est devenir un aussi bien avec ses qualités que ses défauts. Connaissant Assuérus et ayant dit oui à ce mariage (sans doute pour les avantages qu’elle y trouvait), Vasthi n’avait pas en cette circonstance à le renier d’une telle manière.

2) si l’homme a autorité sur la femme, cela ne l’autorise pas pour autant à en user et abuser de façon outrageante et irrespectueuse pour elle. L’exercice de l’autorité par l’homme et la soumission de la femme ne peuvent être bien vécus que dans un climat d’amour, d’estime et de respect mutuels : Eph 5,25.28-29. L’estime que j’ai pour ma femme, en tant que mari, ne me conduira jamais à chercher à la déprécier aux yeux des autres : 2 Pierre 3,7. L’estime que j’ai pour mon mari me conduira à tout faire pour qu’il ne soit pas abaissé ou humilié mais honoré aux yeux des autres : 2 Pierre 3,5-6.

3) lorsqu’un différend et un conflit éclate dans le couple, ce n’est jamais ni dans la réaction, ni devant les autres qu’il se règle le mieux. Au contraire, c’est là qu’il grossit, une petite chose en entraînant une autre plus grosse et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il y ait rupture. La solution ne passe pas par l’affrontement mais par une démarche faite dans l’apaisement et dans l’objectif de la réconciliation : Mat 7,1à5; 18,15. Dans sa situation, la reine Vasthi aurait donc du céder au désir de son époux quitte par la suite à avoir une entrevue en tête-à-tête au sujet de son comportement à son égard.

4) la désobéissance de la femme au mari n’est justifiable que dans les cas identiques à ceux de la désobéissance civile mentionnés dans l’Ecriture, c’est-à-dire lorsque ce qui est demandé est contraire aux exigences de notre conscience devant Dieu : Actes 4:19; 5,29. Bien que la motivation de la demande du roi Assuérus ait été mauvaise, le contenu en lui-même n’avait rien de négatif, la réputation de la beauté de Vasthi étant un fait connu de tous.

Comme dans beaucoup de conflits qui surviennent entre mari et femme dans un couple, les torts sont ici partagés. Est-ce là cependant raison suffisante pour se séparer et divorcer ? Que l’homme donc ne sépare pas, dira Jésus, ce que Dieu a uni : Mat 19,3 à 6.

C) Le jugement de la faute de la reine :

Vasthi ayant déshonoré publiquement le roi, celui-ci convoqua les sept sages qui présidaient à son conseil pour savoir, dans son cas, quelle sentence en accord avec la loi des Mèdes et des Perses, devait être appliquée à la reine. Bien qu’étant paien, nous pouvons retirer de la manière de faire d’Assuérus 3 principes bibliques valables dans la résolution de tout conflit :

1) la demande de conseil auprès d’autres : Prov 11,14; 15,22; 24,6. Bien que personnellement atteint, le roi ne veut pas prendre la mesure disciplinaire destinée à la reine seul, mais en accord avec d’autres qui auront réfléchi avec lui sur le sujet. Juger la faute d’un autre est une affaire toujours délicate et difficile, particulièrement si, de plus, nous sommes impliqués comme victime dans l’affaire. L’âme de notre frère qui a péché contre nous est chose trop précieuse pour agir à son encontre avec légéreté ou dans un esprit de vengeance : Gal 6,1. Veillons donc à nous entourer d’autres dans le but, non seulement de sévir, mais de gagner le frère qui a péché contre nous : Mat 18,15-18

2) le souci de trouver dans la loi la justification et le fondement de la mesure à prendre contre la reine : v 15. Bien que personnellement atteint, Assuérus ne veut pas prononcer un jugement arbitraire sur la reine. Un texte de loi était en effet considéré à l’époque des Mèdes et des perses comme une parole absolue et irrévocable : Dan 6,8-9.12. C’était donc à la loi de dire et de prononcer ce que méritait en la circonstance la reine Vasthi. Dans tout conflit dans lequel nous sommes impliqués ou non avec une âme, nous devons avoir nous aussi deux soucis majeurs :
- que l’ordre soit rétabli et le mal jugé : 1 Cor 5,12-13
- que la pensée de Dieu et Sa volonté exprimées par Sa parole soient recherchées à ce sujet.

3) le souci de trouver pour Vasthi une mesure de discipline qui soit proportionnelle à sa faute. A ce sujet, l’Ecriture nous adresse deux recommandations précises :
- le cercle du traitement de la faute ne devrait jamais dépasser dans un 1er temps le cadre dans lequel elle a été commise : Mat 18,15 : seul à seul...
- la sanction décidée devrait être à la mesure de la faute commise.

De l’entretien privé, elle peut passer ensuite à une rencontre avec deux ou trois témoins : Mat 18,16; 2 Cor 13,1; 1 Tim 5,19, puis à la censure publique : Mat 18,17a; 1 Tim 5,20; Gal 2,14, pour aboutir à l’excommunication s’il n’y a pas repentance : Mat 18,17b; 1 Cor 5,4-5.11

Le conseil réuni, Memoukân, en tant que porte-parole des sages, rendit en 2 points sa réponse au roi :

1) il définit le degré de gravité de la faute de la reine :

- celle-ci n’a pas seulement péché contre le roi, mais encore contre tous les princes et contre tout le peuple. A cause de sa position, la faute de la reine n’est pas seulement une affaire privée, mais d’état : v 16.
- en tant que 1ère dame du royaume, Vasthi n’agit pas seulement pour son compte mais comme exemple et modèle pour toutes les autres femmes et épouses. Son attitude d’insoumission à son mari est un précédent et une invitation à d’autres de suivre son chemin : v 17 et 18
Memoukân a raison! La faute d’un responsable, quel qu’il soit, est toujours plus grave, à cause du caractère exemplaire et symbolique qu’elle revêt, que celle d’un simple membre d’église ou citoyen parmi le peuple. Elle mérite donc d’être sanctionnée plus sévèrement : cf Nomb 12,1-2.10; 16,1-3.9.28-35

2) il propose de publier un édit par lequel l’autorité de l’homme soit rétablie et respectée dans tout le royaume : v 21

- en disgrâciant la reine pour toujours : v 19
- en cherchant pour le roi une nouvelle reine " qui vaudra mieux qu’elle " et qui prendra sa place : v 20
- en imposant à toute épouse de son royaume de respecter son mari et d’utiliser, pour communiquer avec lui, la langue maternelle de celui-ci : v 21 (de manière à ce qu’il soit établi clairement qui est le chef du foyer et qu’aucun enfant ou aucune femme ne prétexte, dans sa désobéissance, ne pas avoir compris l’ordre du père ou du mari : cf Néh 13,24).

La réponse de Memoukân nous enseigne là aussi quelques vérités bibliques applicables à toute situation d’église :
- le respect et la reconnaissance de l’autorité sont nécessaires au bon ordre et au bon fonctionnement de toute société humaine : 1 Cor 12,28; 14,40; Héb 13,17; 1 Pier 5,5
- le péché, pour ne pas prendre de l’ampleur dans l’église, doit être traité à la base et dès sa manifestation : 1 Cor 5,6; cf 1 Sam 2,12 à 17.30; 3,11-13

Que Dieu nous aide, comme ces 7 sages, à avoir le courage de nager dans l’église contre le courant de toute manière de penser et façon d’agir inspirées par un esprit de rebellion et de rétablir la vérité de l’enseignement bilbique chaque fois que nécessaire : Mal 2,1 à 9.

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