dimanche 10 août 2008

Etude d'Esther 7


L’heure de vérité :

Réunis ensemble pour festoyer, l’heure de vérité a sonné pour chacun des participants à ce repas royal :

Pour Haman :

Celui-ci semble au chapitre précédent déjà ne plus être aussi empressé qu’avant d’aller à ce repas : 6,14. Pressent-il qu’il est sur la mauvaise pente et que sa chute qui a commencé par l’humiliation qu’il a subie avec l’honneur public qu’il a du rendre à Mardochée contre lui-même va aller en s’intensifiant ? Ce qui est sûr en tout cas est que, dans son esprit, les dernières paroles entendues avant de partir doivent résonner tout au long du chemin qui le conduit au palais. La suffisance a fait place au doute et l’orgueil à la crainte.

Tel est de la part de Dieu le jugement premier qui attend les méchants : l’effondrement soudain et imprévisible de l’assurance dans laquelle ils vivaient jusqu’à ce moment : Ps 73,18-20. De nombreux malheurs, dit le psalmiste, atteignent souvent le juste, mais de tous, l’Eternel le délivre. Le malheur fait par contre mourir le méchant et le conduit à la condamnation : Ps 34,20-23.

Le projet meurtrier dont il est l’auteur, avec toutes les conséquences négatives qu’il entraîne pour les deux autres invités royaux du repas qu’il partage, est mis en lumière : v 4. Après avoir jusqu’à présent été en position de force, Haman se retrouve seul, livré à lui-même et pris dans les mailles du filet de son orgueil et de sa propre méchanceté. Tôt ou tard, dit l’Ecriture, notre péché finit par nous retrouver : Nomb 32,23. Le pécheur est ainsi la 1ère victime malheureuse de son péché, le premier qui en subit le sort et en souffre : Rom 6,23 ; Ezéchiel 28,18.

Voulant sauver sa vie, Haman s’y prend de façon si maladroite qu’il accroît encore le degré de culpabilité et le caractère odieux de son comportement : v 8. La loi perse prévoyait en effet un terrible châtiment pour quiconque osait toucher ou même s’approcher de la reine. La Bible nous dit explicitement qu’il existe pour tout pécheur une étape au-delà de laquelle toute larme, tout remords, toute repentance devient inutile : Héb 12,16-17 ; 4,1-2 ; 6,4-6 ; Gen 7,16 ; Mat 25,10-11. Pour nous croyants, ne nous privons pas de la grâce, mais aussi souvent que nécessaire, venons à Lui pour confesser nos péchés et recevoir de Sa part miséricorde et grâce : 1 Jean 1,9 à 2,1 ; Héb 4,15-16.

Sur le témoignage de Harbonna , l’un des eunuques du roi qui, sans aucun doute, n’avait aucune sympathie pour Haman et désapprouvait son projet de condamner et faire pendre Mardochée, le roi lui-même prononça la sentence qui devait être lui être appliquée en la circonstance : la peine de mort. Le méchant, quant il est dans la plénitude de sa force a souvent de nombreux ennemis cachés. Mais suffit que le vent tourne et ceux qui le haïssent ne tardent pas à élever la voix pour prendre position contre lui. Haman périt donc le jour même par l’instrument de mort qu’il avait lui-même préparé contre Mardochée, le juste. Telle est la réalité qui se cache derrière la croix qui, sous l’apparence de la défaite, manifeste en fait la réalité de la victoire pour le Christ et, sous l’apparence de la victoire, signe la défaite de l’adversaire : Gen 3,15 ; Col 2,15.

L’histoire d’Haman et de sa tragique fin s’est répété de manière étrange en 1953. Au matin du 1er mars de cette année, Molotof, ministre d’alors des Affaires étrangères des Soviets, reçut le Doyen du Corps diplomatique. Ce dernier attira son attention sur les conséquences internationales néfastes possibles de la poursuite des persécutions juives. Molotof rendit compte aussitôt de cet entretien aux membres du Cabinet. A midi, au Kremlin, Staline ouvrit la réunion du cabinet des Ministres. Aux membres présents, il dévoila son plan pour l’extension de la " solution finale du problème juif ". Les " ennemis du peuple " (des médecins juifs accusés), devaient être pendus sur la place Rouge le 9 mars. Staline exposa comme suit la poursuite de ses intentions :

" Une telle punition n’est toutefois pas en mesure de satisfaire la soif de justice de chaque citoyen soviétique. La colère des masses se tournera contre les juifs du pays. Au cours des trois premiers jours qui suivront cette exécution, il sera impossible d’empêcher le peuple de liquider les juifs, ces ennemis de notre Etat. Le 4ème jour, les juifs réputés et influents du pays s’adresseront au gouvernement des Soviets. Ils reconnaîtront dans leur lettre, la terrible responsabilité dont les juifs se sont chargés. Les auteurs de cette lettre supplieront notre gouvernement de préserver les juifs d’une totale destruction. Nous répondrons naturellement favorablement à cette requête. Nous le ferons en déportant tous les juifs dans des camps spéciaux de l’Extrême Nord et en Sibérie, les isolant totalement du peuple soviétique. Mais un tiers seulement de ces déportés atteindra ces lieux particuliers. La juste colère du peuple occira les autres aux passages des nombreuses stations. "

La fin de cette allocution, au lieu d’être applaudie, fut suivie d’un silence de mort qui régna dans le Conseil. Les ministres évitèrent le regard de Staline. Le " Chef génial du peuple soviétique " ne s’attendait pas à une telle réaction. Il se leva péniblement, jura, et quitta la salle. Après la séance du Cabinet, Staline se rendit dans sa villa à Kunzovo, un faubourg de Moscou. Prévenus par les gardes du corps que le dictateur n’était pas sorti de sa chambre depuis deux jours, les membres du bureau politique se rendirent à la villa. Il fut finalement décidé de forcer les portes de fer menant aux appartements de Staline par les soldats. En pénétrant dans sa chambre à coucher, ces hommes puissants du Kremlin furent frappés de stupeur : Staline agonisant gisait à terre. Personne ne s’empressa de la sauver. Les médecins ne furent appelés que lorsqu’il était trop tard. Le 5 mars, la nouvelle de la mort de Staline fut diffusée. Le 9 mars, jour où les médecins juifs auraient du être pendus, le tyran fut enseveli.

Extraits du journal intime de l’écrivain et journaliste russe Ilja Ehrenbourg.

Pour Esther :

Pour elle aussi, l’heure de vérité, le moment où elle doit enfin révéler sa véritable identité au roi, est venue. Pour se faire, elle expose les faits qui la font souffrir et qui la concerne de telle manière qu’ils apparaissent au roi comme une atteint directe à ses intérêts :

- elle se place en première position dans la requête de grâce et de salut qu’elle adresse au roi. Consciente du prix et de la valeur qu’elle a à ses yeux (l’offre par 3 fois répétée du roi de lui accorder jusqu’à la moitié de son royaume si elle le désire n’en est-il pas la preuve flagrante), Esther mêle ainsi ses intérêts personnels avec ceux de son peuple. Il n’y a dans son esprit aucune différence entre elle et lui, entre son sort et la menace qui pèse sur elle comme sur lui. Comme le lui a déjà dit Mardochée auparavant, si son peuple périt, elle périra avec lui : 4,13 ; si, par contre, Dieu le sauve et qu’elle, par lâcheté, n’aura pas pris sa défense, lui vivra, mais elle périra : 4,14.

L’attitude d’Esther nous rappelle que le sort de chaque croyant dans le monde est lié à celui de tout le peuple de Dieu. Nul, s’il appartient au peuple de Dieu, ne peut dire que ce qui arrive à ses frères, ici ou là, ne le concerne pas. Nous sommes un et faisons partie du même corps : 1 Cor 12,12. Qu’en est-il de nous dans l’église locale ? Souffrons-nous avec celui qui souffre et nous réjouissons-nous avec celui qui est honoré : 1 Cor 12,26. Que Dieu nous donne en Christ d’avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres : Rom 12,16.

- elle souligne surtout dans sa demande le fait que la menace qui pèse sur elle et son peuple est un dommage qui porte préjudice, non seulement à elle-même et aux juifs dont elle fait partie, mais encore et surtout au roi lui-même : v 4b.

Quelle grâce de savoir en tant qu’enfants de Dieu que, quoi qu’il nous arrive, ce qui nous atteint L’atteint Lui aussi. Nous sommes pour Lui comme la prunelle de Son œil : Deut 32,10 ; Ps 17,8 ; Zach 2,8. C’est pourquoi lorsque nous passons par la détresse, Il la passe avec nous : Ps 91,15. Il ne saurait, comme le roi Assuérus, ni de marbre, ni indifférent à ce qui nous arrive.

- elle identifie enfin auprès d’Assuérus le coupable, celui qui est à l’origine de tous leurs malheurs : Haman, le favori du roi : v 6.

Rappelons-nous pour nous aussi que notre adversaire n’est pas n’importe qui. Il est celui dont il est dit qu’il était, dans l’ordre des êtres créés, l’un des être les plus privilégiés et les plus intimes de Dieu : Ezéchiel 28,12-15. Nul doute que la nouvelle du complot et de la conspiration que Satan manigança contre Dieu, son Créateur et l’Auteur de toutes les grâces dont il avait été paré, n’occasionna chez Lui le même choc et la même indignation. Aussi pour lui, comme pour Haman, plus de grâce n’est possible. Ayant péché contre le Saint-Esprit, il ne lui reste plus qu’une chose : l’attente terrifiante du jugement et l’ardeur du feu prêt à dévorer les rebelles : Héb 10,26-27. Que Dieu nous garde d’un tel sort et d’une telle folie !

Pour Assuérus :

Surpris par la révélation que vient de lui faire Esther au sujet d’Haman, Assuérus a une double réaction :

- Furieux, il quitte précipitamment le festin pour aller dans le jardin du palais. Les causes de ce départ précipité peuvent être multiples :
. le roi a besoin de s’isoler pour assumer le coup émotionnel de cette révélation et faire le point au sujet de cette affaire. Se peut-il qu’il ait été aussi négligent concernant les affaires de son royaume au point qu’il ait été aveugle sur l’identité des deux personnes qui lui étaient le plus proche :
Esther, sa reine, de qui il ne connaissait encore ni la nationalité, ni l’origine
Haman, son favori, en qui il a mis une telle confiance et duquel il se sent trahi.

La fureur du roi ne présage rien de bon pour Haman : Prov 16,4 ; 20,2. Dans ce court instant d’absence, le cœur du roi a du lutter pour prendre une décision. Pour qui allait-il pencher ? Son retour au palais au moment où Haman, perdant toute dignité, s’effondre sur le divan où était allongé la reine va définitivement entériner son verdict et da décision. Haman sort de la présence du roi le visage voilé (le voile privant de la lumière était l’image des ténèbres de la mort qu’allaient recevoir le condamné : cf Mat 27,45) encadré par des gardes qui le mènent directement à l’échafaud qu’il avait préparé pour Mardochée. Le méchant tombe dans la fosse qu’il a faite et sert de rançon pour le juste : Ps 7,16-17 ; Prov 11,8 ; 21,18.

Le peuple de Dieu peut se réjouir et dire avec le psalmiste : Oui, il y a une récompense pour le juste ; oui, il y a un Dieu qui exerce le jugement sur la terre : Ps 58,11-12

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