L’action de Dieu dans le livre d’Esther, ainsi que nous l’avons vu, est comme voilée. Le récit se passe dans une période sombre de l’histoire d’Israël, période pendant laquelle Dieu, à cause du péché de Son peuple, se cache à lui : Esaïe 45,15 ; Jér 33,5. Nous ne chercherons donc pas dans ces pages des prophéties précises ou des types de Christ d’une clarté éblouissante. Mais si nous nous penchons avec foi sur ce récit, nous ne manquons pas d’y découvrir, plus par contraste que par analogie, les contours plus ou moins nets d’une annonce prophétique d’évènements à venir.
B) Principaux enseignements du livre d’Esther :
1) le salut par grâce :
Obtention de la grâce :
Assuérus, en tant que roi, est le représentant du pouvoir suprême et absolu. Dans cette perspective, on peut comparer, par contraste, la démarche d’Esther auprès de lui à l’approche de l’homme vers Dieu :
- Esther entre dans la présence d’un souverain cruel et orgueilleux.
- Elle n’a pas été appelée mais se rend auprès de lui par sa propre initiative
- La loi était contre elle
- Elle n’a personne pour l’introduire
-Le favori du roi est son pire ennemi
- Nous nous approchons d’un Dieu d’amour et de grâce : Héb 4,15-16
- L’appel de Dieu retentit constamment : Venez à moi ! : Mat 11,28 ; Esaïe 55,1
- Les promesses sont là pour nous : Jean 6,37 ; Jér 29,13
- Nous avons le Saint-Esprit : Eph 2,18
- En Jésus-Christ, nous avons un avocat qui plaide notre cause auprès du Père : 1 Jean 2,1
Si un roi inique peut jeter un regard favorable sur l’un de ses sujets et lui faire grâce, combien plus en est-il pour notre Dieu et Père : Luc 18,1 à 8
2) l’instrument de la grâce : la croix
Le gibet destiné à Mardochée et utilisé pour la perte d’Haman devient l’instrument de salut des juifs et apaise la colère du roi : Esther 7,9-10. N’avons-nous pas ici l’annonce voilée de la croix, où le Sauveur du monde est bel et bien mort, mais où Satan a reçu son coup de grâce ? Et n’est-ce pas à la croix que la colère de Dieu s’est à jamais apaisée envers le pécheur : Rom 5,9.
3) les messagers de la grâce :
La défaite d’Haman n’a pas supprimé le danger de mort pour les juifs. Il s’agissait encore d’annuler les effets de sa méchanceté : Esther 8,3. De même, à la croix Satan a été vaincu, mais les conséquences néfastes de son action continuent à se faire sentir dans le monde entier. Aussi le pécheur sauvé par grâce doit-il devenir un gagneur d’âmes. Esther en est un modèle exemplaire. Après avoir été sauvé, elle n’a de cesse d’agir et d’intercéder pour que la faveur dont elle a été l’objet soit accordée à tout son peuple : Esther 8,3 à 6. Elle sait que son accession à la royauté n’a d’autre but que ce salut : Esther 4,14. Réalisons-nous encore pour quel but nous avons été sauvé et associé à Jésus-Christ dans Son règne : 2 Cor 5,14-15.
La bonne nouvelle de la délivrance des juifs est écrite par Mardochée et Esther au nom du roi : Esth 8,8-9, puis traduite dans toutes les langues des 127 provinces du royaume. La bonne nouvelle du royaume doit être proclamée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations : alors viendra la fin : Mat 24,14.
4) les effets de la grâce :
Pour ceux qui en sont l’objet, c’est l’allégresse : 8,16, le repos : 9,16 et l’entrée dans un festin perpétuel : 9,17 ; cp Luc 15,20-24. Pour les autres, c’est la crainte, une crainte qui devient cependant salutaire lorsqu’elle les pousse à entrer dans l’alliance de la grâce : 8,17.
C) Christ, le Libérateur :
Le vrai libérateur des Juifs dans le livre d’Esther est Mardochée. Les différentes étapes de sa vie retracent le parcours d’un autre libérateur plus grand que lui : Jésus-Christ :
Humilié et abaissé :
La phase de la vie de Mardochée pendant laquelle il accomplit humblement sa tâche de portier du roi : 2,19 ; 4,2 ; 6,12 est comme une esquisse de la vie terrestre de Jésus, serviteur caché de l’Eternel sous l’humble manteau du charpentier : Marc 6,3. La loyauté de Mardochée envers l’autorité établie : 2,19 à 23 est le reflet de l’obéissance de Christ au Père dans toutes les étapes de sa vie humaine : Luc 2,40-52.
Destiné au gibet :
Plusieurs héros de l’Ancien Testament, par les évènements de leur propre vie, ont annoncé le sacrifice du Fils de Dieu : Isaac, Jonas… Mardochée, condamné à mort et providentiellement épargné, en est un également. Aucun d’entre eux cependant n’est allé jusqu’où Lui est allé, jusqu’à la mort : Phil 2,8. C’est à ce prix-là qu’était notre salut éternel devant Dieu.
Délivré et glorifié :
Comme Mardochée a été délivré du gibet, Christ a été délivré des liens de la mort. Ce n’est qu’après l’apaisement de la colère divine à la croix : 7,10 que le Sauveur a été comblé d’honneur par Dieu : 8,1-2. Après la chute d’Haman et l’élévation de Mardochée, Esther, sans honte, révèle quels sont les liens qui l’unissent à celui que le roi honore : 8,1. La glorification de Christ à l’Ascension a sonné l’heure du témoignage, l’heure où les Siens doivent faire connaître à tous la parenté spirituelle qui les lie à Lui : Luc 12,8-9.
En possession des pleins pouvoirs :
Quand les messagers royaux auront terminé leur tâche : Mat 24,14, Christ sortira de chez le Roi revêtu officiellement de l’autorité royale : 8,15 ; Luc 19,12.15. Ce sera un jour d’allégresse pour le nouvel Israël de Dieu, lequel aura enfin reconnu la divine autorité de son Messie. Son apparition sera le gage du triomphe final, marqué par la gloire des Siens : 8,16-17a. La manifestation de Sa puissance : 9,4 plongera les nations dans la crainte des juifs et ceux-ci seront rendus invincibles : Deut 11,25. Il tirera alors vengeance de Ses ennemis et accordera à Son peuple repos et allégresse : Ps 58,11 ; Ps 149,6 à 9 ; Esaïe 35,4 ; 59,17-18. Le tribut payé à Assuérus : 10,1 est une faible annonce prophétique de l’hommage que rendra un jour l’univers entier au Souverain des cieux et de la terre : Ps 22,28-29. En attendant, Il intercède auprès du Père pour nous et plaide pour le bonheur des Siens : 10,3 ; Rom 8,34.
D) Le livre d’Esther, roman de la providence :
Bien que Dieu soit caché à Son peuple, Il ne manque pas de manifester tout de même Sa toute-puissance par Sa providence. Une providence qui se manifeste ici :
Dans les détails apparemment insignifiants :
- le refus d’une reine : 1,12
- la beauté d’une captive : ch 2
- l’oubli d’un monarque : 2,19 à 23
- le hasard du sort : 3,7.12
- le bon vouloir d’un monarque capricieux : 5,2
- l’hésitation d’une femme : 5,6-8
- une nuit d’insomnie : 6,1
- le choix d’une lecture : 6,1-2
- le caprice d’une mémoire : 6,3
- le zèle d’un criminel : 6,4
etc…
Dans chaque circonstance, sans exception :
Rien ne se passe en dehors de la sphère de la Providence. Les acteurs de la scène, quels que soient leur race, leur sexe, leur rang social, la valeur morale de leur caractère, leurs réactions personnelles, et les multiples évènements de la vie privée ou nationale : tout se meut dans l’atmosphère de la providence : Lam 3,37-38. Rom 8,28.
Sans qu’aucune atteinte soit portée à la liberté humaine :
Apparemment les hommes semblent être libres de leur décision et de leur destinée. Mais Dieu est là et Il fait concourir même la rébellion des hommes à Sa gloire et à Son plan de libération : Rom 9,14 à 23.
Oui, l’Eternel est un Dieu qui sait tout et qui peut tout ce qu’Il veut aussi bien dans les cieux que sur la terre : Ps 135,6.